Morat-Fribourg 2013
Le week-end passé, une nouvelle aventure est venue chatouiller mes baskets ! J'ai longuement hésité avant de m'inscrire à la 80ème édition de MORAT-FRIBOURG. Toutes les excuses étaient bonnes pour m'éclipser de la ligne de départ. Parfois, les rêves plafonnent dans la tête sans arriver à motiver les jambes, même en ayant un marathon qui approche sacrément ! Ah... je suis loin d'être une machine, juste une grande rêveuse qui traverse une période de grosse fatigue. Alors comment réconcilier l'envie avec l'entraînement ? En s'inscrivant à l'une des plus belle course de l'automne !!!
Cette inscription tardive n'avait donc aucun esprit compétitif. Courir pour "avaler" du kilomètre, comme on dit. L'avantage est de n'avoir aucune pression, aucun défi à relever. Est-ce que cela me ressemble vraiment ? Euh... en temps normal, non ! Sauf que là, très sincèrement, je traîne des valises de fatigue sous mes yeux et mes jambes sont de plomb. J'ai beau soigner mon sommeil, veiller à organiser ma vie privée, je suis emportée par l'ouragan de mes horaires de travail irréguliers. Eux et moi, on s'adore ! N'empêche que me lever certains matins à 4h30 ou me coucher d'autres soirs à 3h30, ça complique forcément mes périodes de récupération sportive. Je profite de passer une petite annnonce : Je suis toujours à la recherche de la baguette magique qui m'offrirait des journées de 30 heures !
Il est 7h50 et j'attends mon carrosse au bord de la route. Roxane et Pompon s'arrêtent avec leur bonne humeur habituelle. Ca y est, ça sent l'amitié sportive ! Instantanément, je sais que j'ai bien fait de prendre mon ticket de voyage pour Morat. Quelques kilomètres plus tard, Anne que je ne connais pas encore nous rejoint. Waouwwww... mais elle est méga sportive la Miss ! Quelle ligne ! Aucun doute, elle doit courir comme une championne ! Le voyage jusqu'à Morat nous permet de faire connaissance et de pipléter sur les fameuses montées qui nous attendent. J'avoue qu'à ce moment-là, je suis rassurée car je connais bien les 17 km qui m'attendent. C'est ma 3ème participation en courant et j'étais déjà venue en 2007-2008-2009 et 2010 dans la catégorie Nordic Walking.
Roxane est malheureusement blessée et ne prend pas le départ avec nous. J'évite de trop m'attarder sur le sujet parce que je sais combien c'est difficile de rester sur la ligne départ en regardant les autres s'élancer. Elle nous retrouvera à l'arrivée, à Fribourg. Nous retrouvons aussi Anne-Lise qui vient pour la première fois courir Morat-Fribourg. Allez HOP on immortalise notre énergie positive !
Pompon (Patrick), Anne-Lise, Anne et Miss Evidence qui teste le vert !
Mission number one : Déposer mon sac dans l'un des camions. Mon équipement de la sportive-en-fin-de-course-qui-rêve-de-sa-douche fera le trajet avec les autres sacs. Ne jamais plaisanter sur la taille de mon sac ! Il y a TOUT à l'intérieur ! C'est une question de survie ! D'ailleurs, c'est absolument délicieux de rêver de sa douche et du parfum du savon en plein effort. C'est un peu la carotte qui pourrait me donner l'envie d'arriver au bout de ma course. Tiens mais... ce regard, je le connais, non ? Une femme vient de déposer son sac dans le camion et me dévisage. Mais OUI ! C'est Lisa ! Nous avions fait connaissance sur le dernier kilomètre de la course de Presinge. Elle courait juste devant moi quand je tentais d'accélérer pour gagner quelques secondes à l'arrivée. Très fair-play, elle s'était écartée pour me laisser la devancer. Nous nous étions retrouuvées après la course pour nous féliciter.
Comment résumer ces petites rencontres éphémères, courses après courses, où les sourires et la spontanéité des discussions autour de l'évenement sportif du jour effacent toutes les barrières sociales ? Qu'importe qui tu es, quand tu as des baskets aux pieds et un dossard en évidence, tu es loin d'être un numéro anonyme dans la foule. Bien au contraire ! C'est comme si tu affichais ton laisser-passer pour entrer dans la danse. Ce petit sésame chiffré te dit que tu as TA PLACE parmi les autres. On se moque de savoir si tu seras le premier ou le dernier. Tu as une dose de défi qui t'es réservée !
L'heure d'entrer dans mon sas de départ approche. J'ai la lettre "K", ça tombe bien parce que je suis venue chercher du Kilomètre ! J'apperçois des coureurs revêtus de maillots oranges, ah... mais oui.... je crois que je vais enfin faire la connaissance de Serge Dal Busco, Maire de la commune de Bernex. Je lis toujours avec attention ses publications sur Facebook concernant ses marathons et autres courses. On se salue et surtout on échange enfin quelques mots en live ! Sa joyeuse équipe toute orange est en pleine forme, il faut dire que ce dimanche 6 octobre c'est aussi le grand jour de la course pour l'élection au Conseil d'Etat.
GOOOOOOO le départ est donné ! La foule multicolore prend ses fonctions ! Nous courons comme une marée sur les pavés de la ville de Morat. Le premier kilomètre est un cadeau, tout en descente. Je venais de dire à Anne-Lise de faire attention pour ne pas partir trop vite et... déjà j'ai les pattes impatientes ! Que m'arrive-t'il ? Je ne suis absolument pas raisonnable. Je vais trooooop vite !!! En même temps, je sais que le 2ème kilomètre me freinera bien assez vite avec sa première montée, juste après le rond-point.
Gloupssss, il monte bien ce 2ème kilomètre ! Ce n'est rien de l'écrire, il faut le sentir dans les poumons. Les jambes ne ronchonnent même pas, je crois que de ce côté-là, je peux assurer. Respire ma grande, écoute ton souffle, respecte-le ! Pense à tes débutantes du jeudi soir à qui tu recommandes de toujours rester attentives à la respiration pour ne pas s'emballer. C'est le moment de bien appliquer les règles élémentaires. Ouf, les 2ème et 3ème kilomètre sont derrière moi, place maintenant à 2 kilomètres de grimpette à 5% et ce n'est que le début de l'aventure.
Oh oh oh... économise-toi un peu ! Ne te brûle pas les ailes, c'est trop tôt ! Je joue donc entre ce qui s'apparente à une zone de confort et une allure tout de même constante. Mon fidèle iPod rythme mes oreilles et mes pensées. Je me sens bien. Du 5ème au 10ème kilomètre, le tracé n'est qu'une sucession de faux-plats. La concentration devient mon alliée. Vivre l'instant présent, y trouver ma place et mon plaisir. OUI, c'est possible ! C'est justement ce voyage intérieur qui me fascine toujours autant dans la course à pied. Bien ancrée dans mes pensées libres, je profite pleinement de cette nature qui s'offre à moi. Comme chaque année, le public est présent. Il y a énormément de jeunes enfants qui nous tendent leurs mains, attendant un petit geste amical de la part des coureurs. Quel intense bonheur que de partager leurs sourires.
La belle descente est là ! Je l'adooooore celle-là ! C'est le moment de tout relâcher. Je profite de laisser mes jambes filer dans la pente et je dépasse de nombreux coureurs. J'ai envie de leur dire : "profitez, lâchez !" parce que c'est tellement bon. Malgré cette excitation, je surveille ma respiration. La terrifiante montée de La Sonnaz m'attend au contour ! Impossible de l'oublier et puis, Morat-Fribourg ne serait pas ce qu'elle est, sans La Sonnaz !
J'arrive au fameux 12ème kilomètre, celui qui fait si mal ! Derrière quelque maisons, un virage sur la gauche et je suis face à la montée qui me regarde avec un air de défi. Elle et moi... c'est compliqué ! J'voudrai bien mais j'peux point ! Je tiens quelques mètres et comme chaque année, la pente est trop raide pour mes pattes. Malgré de tous petits pas, le piétinement ne me soulage pas. Alors, comme chaque année, je marche aussi rapidement que possible pour ne pas trop perdre de temps. Dès que mon souffle est stabilisé, je reprends mon petit rythme jusqu'au ravitaillement qui précéde la montée de La Sonnaz. Etonnement, je ne l'appréhende pas. Il y a un fabuleux public qui chauffe le bord de la route et je me sens portée par leurs encouragements. Je cours ! Lentement peut-être, mais je cours toute la montée !
A partir de maintenant, le plus difficile est derrière moi.
Je regarde rapidement ma montre et j'apprends que tout est possible. Alors que je suis venue courir sans objectif, ma montre me propose un défi plutôt sympa. Une seule condition : Ne plus rien lâcher ! Je verrouille mes pensées pour enclencher le mode JE LE VEUX. Il me reste un peu plus de 4 km et surtout un caractère bien décidé à tenir jusqu'au bout de la course. J'entends une voix qui m'encourage chaleureusement en prononçant à plusieurs reprises mon prénom. Un regard sur ma droite et j'apperçois Pierre MORATH. Merci Pierre ! Je vais y arriver !
Mes ailes que j'avais économisées sur les premiers kilomètres se déploient, je cours à un rythme soutenu que je maintiens avec une pensée unique : Tout donner pour tenter de faire mon meilleur temps ! La ville de Fribourg se dresse devant moi avec une nouvelle descente, un ravitaillement et la Porte de Morat. Surtout ne rien lâcher ! Ne pas penser à la dernière montée de 500m. Juste courir ! La formule fonctionne à merveille parce que la ligne d'arrivée est sous mes pas en 1h51.
Mission réussie !
Je m'offre mon meilleur temps pour ma 7ème participation.
Je retrouve Olivier et Corine à l'arrivée, puis Serge Dal Busco avec son équipe toute vêtue de orange et surtout... je savoure ma douche ! Roxane et Pompon sont des organisateurs fantastiques, le restaurant est réservé et n'attend plus que nous. Comme l'an passé, nous mangeons avec la sympatique famille de Pompon. Un dernier arrêt en route pour ramener des meringues et de la crème de Gruyère et je rentre à la maison, la tête riche de nouveaux souvenirs.
Pour les personnes intéressées, voici un très beau reportage sur cette course mythique :